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Demande d’attribution du label patrimoine du XXème siècle

Dans le quartier de la Valbarelle, un imposant bâtiment industriel déploie, le long du boulevard Heckel (reliant le quartier au noyau villageois de La Pomme), une façade remarquable : l'ensemble central constitué de deux château d'eau et d'une cheminée est flanqué, du côté du Bd de la Valbarelle d'une tour latérale, ce qui donne une fière allure à la silhouette du bâtiment, surnommé par les habitants « La dame (cathédrale ?) blanche ».


Jusqu'en 2003, dans l'usine Rivoire & Carret,  l'on fabriquait des pâtes alimentaires très appréciées, une filière industrielle issue en droite ligne de l'activité des nombreux moulins installés depuis des siècles le long de l'Huveaune, le fleuve côtier tout proche. L'histoire de la société Rivoire et Carret et particulièrement, de l'usine de la Valbarelle est détaillée de manière intéressante (à quelques inexactitudes près) dans un rapport récent d'un étudiant de l'ENSAM (cf. extraits en annexe 1). Racheté par la Ville de Marseille, en partie réinvesti par les services de la voirie de la Communauté de Communes MPM et prochainement par une caserne de pompiers, le bâtiment fait aujourd’hui l'objet de projets divers et surtout, de questions jusqu'ici sans réponses, notamment en termes de financements.


L'objectif de cette démarche, engagée par un collectif d'habitants désireux de voir associé à cette « Dame blanche » dont ils sont fiers, un projet culturel pour les habitants (et construit avec les habitants !) est, dans l'immédiat, de protéger les éléments exceptionnels du patrimoine bâti, afin d'établir une cohérence entre l'ancienne usine et le possible avenir culturel d'une partie du bâtiment.

 


Une histoire industrielle


C’est en 1860 avec les cousins Carret et Rivoire que débute l’histoire de l’industrie des pâtes alimentaires françaises ; ces derniers créent tout d’abord à Lyon la première usine de fabrication de pâtes à base de semoule de blé dur alors qu’auparavant les artisans utilisaient de la semoule de blé tendre.

Puis, afin de se rapprocher des sources de matières premières venant notamment du Maghreb, dès 1890-1892, les cousins Carret & Rivoire s’implantent entr'autres à Marseille avec une première usine dans la vallée de l’Huveaune, à St Marcel, "la plus grande du monde pour l’époque" selon Luc Antonini (Généalogie magazine n° 276).

Les pâtes sont alors commercialisées selon un nouveau procédé : sous emballage avec poids net garanti.

En 1922, les pâtes courtes remplacèrent chez Rivoire & Carret les pâtes longues, devenues désuètes et incommodes. La firme lança par la suite un nouveau produit, La Floraline, encore à la base de l’alimentation infantile aujourd’hui.


Si la marque Rivoire & Carret est créée dès 1860, au début du XXème siècle, des? fils Carret épousent des filles Rivoire créant ainsi une dynastie familiale qui va perdurer jusqu’au début des années soixante dix.


C’est en 1925 que les frères Francisque et Joannès Carret achètent aux familles Pavin de Lafarge et Villeneuve Bargemon, le terrain de La Pomme - La Valbarelle (acte notarié de 1925 devant Maîtres Malauzat, de Marseille et Cotte, d'Aix), et y font construire un ensemble de bâtiments industriels qu'ils équipent de tous les éléments, outils, fluides, etc nécessaires à la fabrication de pâtes alimentaires. C'est en grande partie l’usine Rivoire & Carret que nous connaissons aujourd’hui. En 1931, Francisque et Joannès rentrent dans le capital de la Société Industrielle de Pâtes Alimentaires (SIPA), administrée par Jean et Yves Carret (leurs cousins ?), en apportant l'usine dont l'exploitation a vraisemblablement déjà commencé.

Source : acte notarié du 24 juin 1931 (Maître Giroud, Lyon) en annexe 2, décrivant les bâtiments.


En 1934, la famille Carret participe à l’achat des "Jardins de La Pomme", où se construit celle qui devint par la suite la cité Michelis et où de nombreux ouvriers de la SIPA habitaient. C’est Gaston Castel, l'un des architectes majeurs de cette époque, qui conçoit cette cité (qui bénéficie déjà du label patrimoine du XXème siècle).


Malgré le développement de l'activité de sa filiale de La Pomme - la Valbarelle, l’usine Rivoire & Carret de St Marcel ne fermera ses portes qu’en 1948 : l'ensemble de ses activités est transféré dans l’usine que la SIPA exploitait depuis 1930. C’est à ce moment-là que l’usine de La Pomme - La Valbarelle prend le nom de Rivoire & Carret.

Source : ouvrage Nos quartiers enfants de l’Huveaune, cf extraits en annexe 3.


A partir de 1971, c'est la famille Cohen-Skalli qui devient actionnaire majoritaire de la société holding Rivoire et Carret - Lustucru, elle-même propriétaire de la majeure partie des actions de la société Lustucru.

En 1988, des agrandissements de l’usine de La Pomme - La Valbarelle sont encore réalisés (plans en annexe 4) puis en 2000 la marque Rivoire & Carret disparaît au profit de Lustucru.



Une nouvelle vocation pour Rivoire & Carret ?


En mars 2003, sur fond de nombreux conflits sociaux, la famille Skalli décide de vendre, ce qui signe la fin de l’activité de fabrication de pâtes de l’usine « Rivoire & Carret ».

Une partie du groupe Rivoire & Carret - Lustucru (pâtes fraîches et riz) est cédée à la société Panzani — qui dispose d’ailleurs toujours d’une usine à La Montre - St Marcel ­—  tandis que les activités restantes (pâtes sèches) sont regroupées au sein de Pasta Corp, une nouvelle société créée par la famille Skalli.


Devenue une friche industrielle, rachetée en 2003 par la Ville de Marseille, l'usine Rivoire & Carret attire rapidement l’attention des habitants. Ils se regroupent en Collectif et, compte tenu du faible nombre d’équipements culturels dans les quartiers Est, souhaitent voir convertir le site en médiathèque et en maison du patrimoine de la vallée de l’Huveaune.

Aujourd'hui, une partie des locaux sont occupés depuis …? par différents services de la Communauté urbaine et une caserne de pompiers devrait s'installer très prochainement.

Une étude de faisabilité portant sur la création d’un pôle culturel a été réalisée en 2008-2009 par la Ville de Marseille, envisageant le devenir des vastes espaces vacants encore disponibles mais ni cette étude, ni ses conclusions n'ont encore été rendues publiques.

En attendant l'avancement de ce projet, et du fait de la position de centralité du site à échelle des quartiers Est, l'association Rives & Cultures voudrait faire reconnaître le caractère monumental des bâtiments, leur qualité architecturale, ainsi que la place de l’ancienne usine dans l’histoire des pâtes industrielles à Marseille, et même en France.

En tant qu’association d’habitants des quartiers Est, Rives & Cultures souhaiterait que l’ex-usine Rivoire & Carret de La Pomme-La Valbarelle puisse bénéficier du label "Patrimoine du XXème siècle".

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